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Dans le Deutéronome, Moïse répète ce que Dieu lui a dit: « Je leur susciterai du milieu de leurs frères un Prophète comme toi [Moïse], Je mettrai Mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que Je lui commanderai. » D’abord, soulignons la phrase « du milieu de leurs frères ».

Ismaël et Isaac étaient frères et fils du Prophète Abraham. Lorsque le Prophète Moïse, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, cite Dieu qui promet d’envoyer un prophète semblable à lui, le verset dit « du milieu de leurs frères ». Qui sont les frères des Israélites ? Ce sont tout simplement les Ismaélites. Il est évident ici que le prophète qui sera « comme Moïse » et choisi parmi les frères des Israélites est le Prophète Mohammed, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui.

Voici la définition que donne le dictionnaire hébreu du mot frères, dans son sens biblique : personnification d’un groupe de tribus considérées comme proches parentes des Israélites. Or, il n’y a pas de tribu plus proche parente des Israélites que les Ismaélites, car ces derniers sont précisément leurs frères – descendants du frère Isaac. C’est logique.

Moïse et Mohammed : « Comme toi »

Je crois que s’il y a une phrase décisive dans ce verset c’est la suivante : « du milieu de leurs frères un Prophète comme toi » (Deut 18:18). En fait, Dieu dit qu’Il va élever un prophète semblable à Moïse. C’est très important, car les seuls grands prophètes qui sont venus après Moïse sont Jésus et Mohammed. Quoique cela ne s’applique pas à Jésus dans la mesure où il n’est pas vraiment issu des frères des Israélites. Il est lui-même un Israélite. (Pour en savoir plus : Le concept de Dieu dans le christianisme)

Il existe des similarités entre Moïse et Jésus dans le sens où tous deux étaient à la fois prophètes et juifs. Tous deux ont réalisé d’extraordinaires miracles ; tous deux sont nés à une époque où les gouvernants avaient ordonné la mise à mort de tous les nouveaux nés garçons, etc. Mais ici encore, cela contredit le terme de « frères » tel que nous l’avons déjà défini. Et même si l’on admet que Jésus pourrait correspondre à cette prophétie, l’on serait obligé de constater qu’il y a bien plus de similarités entre les Prophètes Moïse et Mohammed qu’entre Moïse et Jésus, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur eux.

Tout d’abord, Moïse comme Mohammed sont considérés comme des Prophètes, tandis que Jésus (au moins pour les chrétiens) est considéré comme le Fils de Dieu. Cette raison, à elle seule, exclut « l’hypothèse Jésus » puisque la prophétie dit : un prophète comme Moïse. Lorsque Jésus est considéré comme Dieu incarné, ou comme le Fils de Dieu, alors il est écarté ; ou tout le moins, cette prophétie-là ne s’applique pas à lui. Comme je l’ai dit la dernière fois, il existe d’autres prophéties qui s’appliquent à Jésus, mais pas celle-là.

Deuxièmement, pour ce qui est des parents, Moïse comme Mohammed ont eu une mère et un père normaux. Jésus, en revanche, est seulement né d’une mère. Pour ce qui est de la naissance, Moïse et Mohammed sont nés dans des conditions normales, tandis que Jésus est né d’une vierge comme l’affirment les deux confessions musulmane et chrétienne. (Pour en savoir plus : Le Messie, Jésus, Fils de Marie)

Concernant la vie de famille : Moïse s’est marié et a eu des enfants, comme Mohammed, mais c’est tout à fait improbable dans le cas de Jésus. Pour autant que l’on sache, il n’existe aucune trace laissant penser qu’il ait pu se marier ou avoir des enfants.

Pour ce qui est de la mort, Moïse et Mohammed sont tous deux morts de causes naturelles ; la mort de Jésus (selon la foi chrétienne) fut violente – la crucifixion.

Pour ce qui est de la mission, nous voyons que la mission de Moïse était à la fois spirituelle et juridique ; il a transmis un système juridique. Il en va de même pour Mohammed. La mission de Jésus, en revanche, était spirituelle. En fait, il a dit : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. » (Matthieu 5:17).

Concernant la réception du message : le message de Moïse a été, pour l’essentiel, accepté par son peuple. Certes, il ne lui a pas toujours rendu les choses faciles, mais son message était accepté pendant sa vie. Il en va de même pour Mohammed. Tandis que Jésus lui-même déplorait que son message ne fût pas accepté, qu’il suscitât des résistances au sein même du peuple auprès duquel il avait été envoyé : les Israélites. Il le dit souvent.

Pour ce qui est du parcours de vie, nous voyons que Moïse a partagé son existence entre son statut de prophète et de gouverneur/dirigeant pour mettre en œuvre la loi divine. Même chose pour Mohammed. Jésus, pour sa part, n’a jamais occupé un tel poste.

Pour ce qui est des batailles et des rencontres avec l’ennemi : nous voyons que Moïse a rencontré ses ennemis, les Égyptiens qui furent noyés, et sur lesquels il remporta la victoire. Mohammed s’est affronté aux païens qui tentèrent de le détruire lui et ses disciples ; il les a vaincus sur le champ de bataille. Rien de tel, en termes d’affrontement physique, dans le cas du Prophète Jésus, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui.

Pour ce qui est de la mission : nous voyons que le Prophète Moïse a accompli sa mission, dans le sens où non seulement sa prédication a été couronnée de succès, mais aussi parce qu’il a établi un nouvel ordre conforme à ces commandements. On peut dire la même chose Mohammed. Avant sa mort, une communauté islamique qui était venue à bout de ses ennemis était déjà sur pied. Dans le cas de Jésus, c’est précisément l’inverse qui est vrai. La persécution des chrétiens allait persister encore de nombreuses années, et ce n’est qu’en l’an 325, lorsqu’il a été dit que Constantin s’était converti au christianisme, que l’oppression dont ils étaient les victimes commencera à se relâcher.

Mais ce n’est pas tout. Il est un autre point commun tout à fait frappant, c’est que Moïse a quitté l’Égypte, le pays où il a vu le jour à une époque où l’on complotait pour le tuer, et qu’il s’est rendu au pays de Madian, auprès du Prophète Jéthro. Mohammed, lui aussi, a quitté son lieu de naissance, la Mecque, la nuit où avait été planifié son assassinat, et s’est enfui à Médine. (Cliquez ici pour lire La rencontre de Moise avec Khidr, un homme de savoir.)

Moïse et Mohammed : « Je mettrai Mes paroles dans sa bouche »

La révélation est venue au Prophète Mohammed par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel qui s’est rendu auprès de lui pour la lui dicter, afin qu’il récite à son tour ce qui venait de lui être dit. Autrement dit, Mohammed n’est pas l’auteur du Coran, comme le pensent beaucoup de gens à tort. Il ne l’a pas écrit, il ne l’a pas créé, et il ne mobilisait ni ses propres capacités intellectuelles ni ses connaissances personnelles au moment de le réciter.

Il se contentait de répéter ce que lui avait dit Gabriel. Ce n’est pas un mystère. Cela a duré 23 ans devant plusieurs centaines de disciples, et le Coran était consigné directement dans les mémoires et par écrit en sa présence. Quelle explication plus belle de la phrase « Je mettrai Mes paroles dans sa bouche » ? Dieu mettait les mots dans la bouche du Prophète Mohammed ; et Mohammed répétait exactement ce qui lui était dicté.

Mais pour être sûr de bien mettre les choses dans leur contexte, laissez-moi citer le verset d’après. Il dit : « Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte. Mais le prophète qui aura l’audace de dire en mon nom une parole que je ne lui aurai point commandé de dire, ou qui parlera au nom d’autres dieux, ce prophète-là sera puni de mort. » (Deut. 18:19-20) Ce qui, dans le langage biblique, signifie aussi qu’il pourra être mis à mort.

C’est intéressant, car l’un des signes du vrai prophète annoncé est qu’il parlera au nom de Dieu. Ce terme revient deux fois dans les versets 19 et 20. À présent, il est extrêmement intéressant de commenter cela pour ceux qui ne sont pas familiers du Coran. Le Coran contient 114 chapitres appelés sourates. 113 de ces sourates commencent par « Bismi Allah Al Rahman Al Raheem » qui veut dire « Au nom de Dieu, le Tout Miséricorde, le Miséricordieux ». Presque chaque sourate du Coran s’ouvre donc sur le nom de Dieu. C’est tout à fait intéressant, car la prophétie dit qu’il parlera au nom de Dieu, non pas que Mohammed en sera l’auteur, mais qu’il présentera la Parole au nom de Dieu, car Dieu lui aura révélé.

C’est intéressant, car en général, le terme chrétien que l’on entend est « au nom du Père », ou « au nom du Seigneur », ou « au nom de Dieu », mais ce n’est pas le nom de Dieu en tant que tel. On ne fait que décrire. Seul le terme Allah est le nom personnel de Dieu. Voilà encore un élément qui s’accorde admirablement et parfaitement avec les termes employés dans le Deutéronome.

Adapté, avec la permission, à partir des transcriptions de conférences audio de www.jamalbadawi.org