L’Islam et la paix
Le mot Islam vient de « salaam », qui signifie paix. Il signifie également se soumettre à la volonté de Dieu. Le mot « salaam » est également un attribut de Dieu. Dans ce contexte, il signifie « Celui qui apporte la paix ».
Les musulmans se saluent les uns les autres par « Assalamu alaykum » qui revient à se souhaiter la paix. Même lorsqu’ils sont traités injustement, le Glorieux Coran recommande aux musulmans de résister à la tentation de l’hostilité :
« Belle et mauvaise action ne s’équivalent : repousse (la mauvaise) par une plus belle, et voilà que celui qu’opposait à toi par l’inimitié mutuelle prend les traits d’un allié chaleureux […] » [Al-Qur’an 41:34].
Le Coran évoque le Paradis en tant que « demeure de paix ». Ainsi, la paix est un objectif que les musulmans doivent s’efforcer d’atteindre, en eux-mêmes, dans leur famille et dans leur communauté. Il est donc paradoxal de voir que l’Islam puisse être perçu par beaucoup comme la raison qui pousse à commettre des crimes gratuits à l’encontre d’innocents.
La définition du djihad
Dans le contexte d’incompréhension qui entoure l’Islam dans le monde occidental, aucun autre terme islamique ne suscite probablement autant de réactions que celui de djihad. Le mot djihad est régulièrement mal traduit par « guerre sainte ». L’équivalent en arabe de « guerre sainte » est « harb-u-muqadasah ». Or, ce dernier terme n’apparaît dans aucun verset du Coran. Rien dans les sources islamiques n’autorise un musulman à combattre des non musulmans au seul prétexte qu’ils n’embrassent pas l’Islam.
Le mot djihad vient de « jahada » qui signifie lutter. Au niveau individuel, le djihad désigne essentiellement la lutte intérieure nécessaire pour atteindre la vertu et la soumission à Dieu dans toutes les dimensions de sa vie.
Au niveau collectif, le djihad peut revêtir plusieurs formes :
- Le djihad intellectuel, qui comprend la lutte pour transmettre le message de Dieu à l’humanité et le combat contre les maux sociaux à travers le savoir, la sagesse et une parole pleine de dignité. Comme le dit le Glorieux Coran :
« Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit: ”Je suis du nombre des Musulmans »” ». [Al-Qur’an 41:33]
- Le djihad économique qui comprend des mesures économiques, et la mobilisation des moyens des uns pour améliorer les conditions de vie des pauvres et des opprimés.
- Le djihad physique qui suppose l’autodéfense collective armée, ainsi que le châtiment porté à la tyrannie, à l’exploitation et à l’oppression.
Ainsi, le concept de djihad recouvre une vaste signification. Certes, c’est la dernière dimension du djihad qui suscite l’inquiétude chez nombre de nos contemporains et que nous allons donc à présent examiner en détail.
Le djihad physique
Le djihad sur le champ de bataille, du point de vue islamique, est une option de dernier recours et il est soumis à de strictes conditions. Il peut être mené uniquement en défense de la liberté, et donc de la liberté de culte. Le Glorieux Coran dit : « Permission est donnée à ceux qui combattent pour avoir subi l’iniquité…
– et Allah est certes Capable de les secourir.
–… ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, -contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : ”Allah est notre Seigneur. ”…
– Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué » [Al-Qur’an 22:39-40]
De plus, le Coran dit :
« Et qu’avez-vous à ne pas combattre dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : ”Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur. ” » [Al-Qur’an 4:75]
Les conditions dans lesquelles doit être mené le djihad physique sont donc clairement définies dans le Coran.
Les règles de l’engagement
Bien que l’Islam accepte le djihad sur le champ de bataille dans les conditions susmentionnées, les règles de l’engagement sont le reflet de l’inclination inhérente de l’Islam pour la paix :
Pas d’agression envers les civils
Le conflit militaire ne doit être engagé que contre des troupes de combattants et non contre des civils ; comme le dit le Glorieux Coran :
« Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allah n’aime pas les transgresseurs !». [Al-Qur’an 2:190]
En ce qui concerne les populations non combattantes (femmes, enfants, vieillards, infirmes, etc.), les instructions du Prophète sont les suivantes : « Ne tuez pas de personnes âgées, d’enfants ou de femmes » ; « Ne tuez pas les religieux dans les monastères » ou encore « Ne tuez pas ceux qui sont dans les lieux consacrés ». Au cours d’une guerre, le Prophète vit un jour le corps d’une femme gisant sur le sol et dit : « Elle ne combattait pas. Comment se fait-il donc qu’elle ait été tuée ? » Ainsi, les non-combattants voient leur vie protégée quand bien même leur État serait en guerre avec un État islamique.
La défense de la justice
Les ravages de la guerre ne sauraient être un prétexte pour que les musulmans laissent libre cours à une quelconque forme de cruauté ou de violation des droits de l’Homme. Comme le dit le Coran :
« Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » [Al-Qur’an 5:8]
Sous la loi islamique, il est interdit de maltraiter les prisonniers de guerre ou de leur refuser les biens et les services de première nécessité, tels que les soins médicaux.
Le respect de la liberté de culte
Le djihad physique ne peut être mené dans l’objectif de contraindre les gens à embrasser l’Islam. Le Glorieux Coran dit :
« Point de contrainte en matière de religion » [Al-Qur’an 2:256]
« Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ?» [Al-Qur’an 10:99]
Accepter la paix
Si l’ennemi propose la paix, elle devra être acceptée y compris au risque d’être trompé. Le Glorieux Coran dit :
« Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. […] » [Al-Qur’an 8:61]
Peut-on assimiler le terrorisme au djihad ?
Le terrorisme est généralement défini comme une violence aveugle et motivée par l’idéologie qui prend pour cible des civils, dans l’intention d’inspirer la terreur à des fins politiques. Bien que cette définition ignore le terrorisme d’État, il est évident que le terrorisme n’a pas sa place dans le noble concept de djihad. Même l’acception du djihad qui suppose un conflit physique est l’antithèse même du terrorisme, de par les différences suivantes :
- Le djihad ne peut être décrété que par une autorité établie sous forme d’une politique destinée à faire obstacle à une agression. Le terrorisme, pour sa part, est l’œuvre d’individus ou de groupes qui n’ont aucune légitimité à parler au nom de la majorité. Lorsque le terrorisme est employé par des États, il s’appuie généralement sur la manipulation de l’opinion publique.
- Le djihad ne concerne que les combattants, alors que le terrorisme tue aveuglément des civils.
- Le djihad, lorsqu’il devient nécessaire, est déclaré ouvertement, alors que le terrorisme est fomenté dans le secret.
- Le djihad obéit à des règles strictes d’engagement, tandis que le terrorisme n’obéit à aucune loi.
Conclusion
Il apparaît clairement dans l’analyse que nous venons de conduire que le djihad est un vaste concept qui englobe plusieurs sphères d’activité, toutes dirigées vers l’amélioration de soi et de la société. Quel que soit le degré de légitimité d’une cause, l’Islam ne tolère pas que des gens innocents soient tués. Inspirer la terreur aux gens, que ce soit le fait d’individus ou d’États, ne peut être qualifié de djihad et sera toujours inconciliable avec les enseignements de l’Islam.