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Les versets du Coran ci-dessus forment le cadre général nécessaire à la fondation et aux objectifs du mariage en Islam. Dans la Sagesse infinie d’Allah, il nous est dit que c’est en partenaires que l’homme et la femme ont été créés de la même source, et que cela doit attirer notre attention en tant que c’est un de Ses signes.

Le fait que nous provenions de la même âme implique notre égalité en tant qu’êtres humains. Si notre création est identique dans son essence, la controverse pour déterminer qui de l’homme et de la femme est meilleur que l’autre ou supérieur à l’autre est dénuée de sens. Il est très important pour ceux d’entre nous qui œuvrent dans le conseil conjugal d’insister sur ce point avant de parler du mariage tel qu’il est abordé dans ce même verset.

Tout éloignement de cette attitude égalitaire et humaniste entre les sexes déséquilibre les relations conjugales pour finalement mettre en échec le mariage. Dès lors que l’une des parties se considère supérieure ou dessus de la Loi, elle s’arroge un pouvoir dont elle risque rapidement d’abuser. En effet, le partenaire qui se retrouve ainsi dévalorisé devient aux yeux de son conjoint une proie facile. De nombreuses difficultés conjugales reposent sur, ou sont causées par la mise en place d’un stratagème de contrôle et de domination.

En soulignant l’égalité de tous les êtres humains, hommes ou femmes, et en en faisant le fondement même du mariage, Allah, dans Son Infinie Sagesse, a édicté les règles de base nécessaires à la paix. S’Il a assigné des rôles distincts au mari et à la femme, c’est dans un souci fonctionnel, et non sur des considérations liées aux compétences des êtres humains.

Le Prophète Mohammed (pbAsl) a déclaré que : « les hommes et les femmes sont leurs propres moitiés respectives » (Bukhari). Cette parole rappelle que l’homme et la femme sont issus d’une même source. De plus, par l’analogie des deux moitiés, le Prophète (pbAsl) souligne la dimension de réciprocité et d’interdépendance qui prévaut dans les relations entre les hommes et les femmes.

Le but du mariage, d’après les versets coraniques mentionnés ci-dessus, est de nous permettre de demeurer en paix et dans la tranquillité. Il est important pour nous de réfléchir à ces paroles et à la signification qu’elles prennent dans un cadre de référence islamique.

Ainsi, pour atteindre la paix, certaines conditions doivent être réunies. Ces prérequis à la paix sont la Justice, l’Honnêteté, l’Équité, l’Égalité et le respect des droits de chacun. Dès lors, toute injustice, qu’elle s’exprime par l’oppression ou la persécution, ne saurait être tolérée si l’on veut la paix dans les foyers musulmans.

Dans la sphère domestique, l’oppression se manifeste lorsque le processus de la Choura (consultation) est compromis, négligé ou ignoré. Lorsque l’un des conjoints (le mari dans la plupart des cas) prend des décisions unilatérales et adopte un mode d’interaction de type dictatorial, la paix est en danger. Et on parlera de persécution devant tout type d’abus perpétré dans la sphère domestique.

La tranquillité en revanche, est un état des choses acquis lorsque la paix a été établie. La tranquillité est compromise lorsqu’il y a tension, stress et colère. Ce serait une erreur de considérer la tranquillité comme un état de félicité perpétuelle, car personne n’est jamais à l’abri d’une tragédie ou d’une catastrophe. En effet, Dieu nous dit à maintes reprises dans le Coran que le croyant sera mis à l’épreuve. Cependant, la tranquillité donne à chacun la capacité d’affronter les moments difficiles avec son conjoint en serviteurs obéissants de Dieu. Dieu, dans Son infinie Miséricorde, nous fournit également les outils dont nous avons besoin pour atteindre cet état de paix et de tranquillité.

Le deuxième principe sur lequel repose la famille islamique est celui de la Rahma, c’est à dire de la clémence. Comme nous l’avons vu dans le verset ci-dessus, Dieu nous dit que c’est Lui qui a introduit la clémence entre les cœurs des époux. Nous avons donc tendance par nature à avoir de la clémence l’un pour l’autre. La clémence se manifeste à travers la compassion, le pardon, l’affection et l’humilité.

Il est évident que sont là tous les ingrédients d’un partenariat réussi. Dans l’Islam, le mariage est avant tout un partenariat fondé sur l’égalité entre les conjoints et une répartition spécifique des rôles. Sur le plan islamique, le manque de clémence dans le mariage ou dans la famille indique qu’il y a un problème.

Allah proclame aussi qu’en plus de la clémence, Il a introduit l’amour entre les époux. Il convient de noter cependant que le concept islamique d’amour est à distinguer de l’acception communément admise et devenue si valorisée de ce mot dans le sens d’amour romantique.

La principale différence est que, pour l’Islam, l’amour entre un homme et une femme ne peut que se concrétiser et s’exprimer que dans le cadre d’un mariage légal. Pour rendre possible l’émergence d’un amour sain entre un homme et une femme, et pour garantir la sécurité nécessaire à l’épanouissement de cette relation amoureuse, elle doit être placée sous la protection de la Charia (la loi islamique).

Dans l’Islam, l’amour matrimonial inculque :

La foi : L’amour que se vouent les époux musulmans doit aller dans l’intérêt d’Allah, et chercher à gagner Son plaisir. C’est d’Allah que nous revendiquons nos droits respectifs (Coran 4:1), et c’est à Allah que nous sommes comptables de notre comportement de mari et d’épouse.

L’esprit de préservation : L’amour n’est pas chose à consommer, mais à préserver. Allah exprime Son amour pour nous en nous assurant notre préservation. En Islam, aimer, c’est préserver l’être aimé physiquement, émotionnellement, spirituellement et intellectuellement autant que nous le pouvons. (Remarque : la préservation matérielle est de la responsabilité du mari. Toutefois, si elle le désire, la femme peut elle aussi apporter sa contribution.)

L’acceptation : Aimer quelqu’un, c’est l’accepter tel qu’il est. Tenter de façonner quelqu’un tel qu’un voudrait qu’il soit relève de l’égoïsme. L’amour authentique ne cherche pas à broyer l’individualité ou à contrôler les singularités personnelles, mais à être magnanime et pacifique dans l’acceptation des différences.

Les épreuves : L’amour nous met au défi de donner ce que nous avons de mieux, il nous encourage à mobiliser nos talents et nous rend fiers de nos réussites en la matière. Permettre à l’être aimé d’exploiter son potentiel est l’expérience la plus gratifiante qui soit.

La clémence : La clémence nous oblige à aimer, et l’amour nous oblige à faire preuve de clémence. Dans leur contexte islamique, les deux notions sont synonymes. Le suprême attribut qu’Allah a décidé de Se donner est d’être le plus Clément. Le fait que l’attribut de Rahman (la Clémence) soit mentionné 170 fois dans le Coran montre bien à quel point il est important pour les croyants d’en faire preuve eux-mêmes. Dans la pratique, la clémence signifie avoir et montrer de la compassion, mais aussi être charitable.

Le pardon : L’amour n’est jamais très enclin au pardon, et il se montre souvent trop avare en la matière. Il oublie volontiers les blessures et les déceptions. Le pardon nous donne l’occasion de nous améliorer et de nous corriger. L’Islam insiste sur le principe selon lequel si nous voulons que Dieu pardonne nos erreurs, alors nous devons aussi pardonner celle des autres.

Le respect : Aimer, c’est respecter et valoriser la personne, ses richesses et ses opinions. Le respect ne nous autorise pas à considérer l’être aimé comme acquis ou à ignorer ses initiatives. La façon dont nous nous comportons dans notre relation avec notre conjoint révèle si nous le respectons ou non.

La confidentialité : La confiance est l’ingrédient le plus indispensable de l’amour. Lorsque la confiance est trahie et que la confidentialité est compromise, l’amour perd son âme.

L’affection : L’amour nourrit une profonde tendresse qui commande l’affection et le partage de ce que nous faisons. Les besoins de l’être aimé ont la préséance sur les nôtres.

La gentillesse : Dans la biographie du Prophète Mohammed (pbAsl), on trouve de nombreux exemples et gestes de gentillesse de sa part envers sa famille et notamment ses femmes. Même lorsque sa patience était mise à l’épreuve, il n’avait jamais un mot ou un geste désobligeant. Aimer, c’est être gentil.

Le changement : L’amour matrimonial n’est pas statique, il se développe et s’épanouit chaque jour partagé. Il exige travail et engagement, et se nourrit de la foi lorsque nous sommes reconnaissants et admiratifs devant les bienfaits de Dieu.

Le progrès : L’amour renforce l’image que nous avons de nous-mêmes et embellit notre l’univers dans lequel nous évoluons. Il apporte sécurité émotionnelle et bien-être physique.

Le désintéressement : L’amour donne sans condition, et protège comme il se doit.

La vérité : L’amour est honnête sans cruauté, et loyal sans compromis.